Cercle d'échecs de Philippeville
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un peu d'histoire

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Message  Invité Mer 20 Nov - 16:02

study Dis, tonton Paul, si tu nous racontais Carlsen?

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Message  Julien Sam 21 Avr - 15:09

Extraordinaire, ça va me donner des idées pour les prochaines rencontres interclubs ^^
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Message  patriski Mer 18 Avr - 23:26

Fischer doit maintenant rencontrer Spassky pour lui disputer la couronne mondiale !!! Tous les observateurs avisés sont d’accord pour dire qu’il s’agit sans conteste des deux meilleurs joueurs du moment. Et bien que jusqu’alors Spassky mène dans leurs confrontations directes (3 victoires, 2 nulles et aucune défaite), Fischer est considéré comme le favori !!! Il a un classement ELO (adopté par la FIDE en 1970) jamais atteint jusque là…plus de 2700 points…(Kasaprov détient toujours le record avec 2851 pts, Carlsen est à 2835). L’écart entre Fischer et Spassky (2ème au classement) est aussi grand qu’entre Spassky et le 10ème classé !!!
Ce match est sans nul doute celui qui aura été le plus médiatisé… En effet, le monde entier s’y intéresse, et tous y voient plus un affrontement entre l’est et l’ouest qu’un match entre deux champions. Le président Nixon a déclaré soutenir Bobby au nom de tous les américains et du monde libre !!! Les joueurs, eux, n’en ont cure.
Le match n’a pas encore commencé que le premier problème surgit déjà…où va-t-il se jouer ??? Deux villes ont proposé leurs services : Belgrade et Reykjavik. Fischer souhaite Belgrade, il y est très populaire, Spassky préfère Reykjavik (pour des raisons climatiques). Le président de la fédération US, M Edmondson, négocie avec Max Euwe (président de la FIDE) le lieux du match… sans les russes qui estiment que la procédure n’est pas respectée. Pour finir Euwe tranche, le match aura lieu pour moitié dans chaque ville. On pense l’affaire réglée, mais Fischer oppose son veto…car il n’a pas mandaté Edmondson pour le représenter et en plus, le « prize money » proposé est « ridicule » !!!
Max Euwe ne se laissera pas intimider par l’américain et il lui envoie un ultimatum. Fischer a jusqu’au premier avril pour accepter sa décision !!! sinon la finale du championnat opposera Spassky à Petrossian…Las de toutes ces tergiversations, Belgrade retire sa candidature laissant Reykjavik se débrouiller avec l’américain.
Fischer cède (pour une fois) le match débutera à Reykjavik le 2 juillet.
Spassky s’y rend le 20 juin avec son équipe…quant à Bobby, on est sans nouvelle de lui… Le 30 juin on l’aperçoit à l’aéroport Kennedy, mais il fait demi-tour et rentre à New York !!! Le premier juillet à lieu la cérémonie d’ouverture sans Fischer… et le 2, jour du premier match, pas de trace de Bobby sur le sol islandais !!! Euwe prétendra avoir reçu un telex de Fischer demandant un report de deux jours pour des raisons médicales…Ce qui est certain par contre, c’est que l’américain a envoyé par telex de nouvelles exigences…il veut que lui et Spassky se partagent, en plus du prize money, 30% des recettes d’entrée !!! On est dans l’impasse et plus personne ne pense que le match aura lieu…Mais un miracle survient en la personne de Jim Slater, un banquier londonien passionné par les échecs. Il double la bourse du match en offrant 125.000 dollars supplémentaires ! Le lendemain Fischer se posait à Reykjavik…Mais ce n’était pas la fin des problèmes pour autant…
Seul Spassky se présenta à la cérémonie du tirage au sort des couleurs, Furieux il exige des excuses avant de commencer le match !!! Max Euwe ne sait plus à quel saint se vouer…mais Bobby envoie une lettre d’excuses aux russes.. Ouf !!! le tirage au sort est à nouveau organisé, l’américain trouve tout de même le moyen de s’y rendre avec 20 minutes de retard…Le match commencera le 11 juillet, Spassky aura l’avantage du trait.
Le 11 au matin, Fischer vient inspecter la salle de jeu et ne rouspète que sur la taille des cases de l’échiquier, l’intensité de la lumière et la distance entre les spectateurs et la table de jeu…Les problèmes réglés, Spassky joue 1.d4 en début d’après-midi. Fischer opte pour une Nimzovitch et tout le monde pense à la nulle quand au 29ème coup Fischer joue Fxh2 et se laisse enfermer son fou après 30.g3…Il doit coucher son roi au 56ème coup…
Et bien sur, Bobby se plaint… les caméras le gênent. Pas question de jouer la deuxième partie si les caméras sont encore présentes. Les islandais font preuve de bonne volonté et les éloignent de telle façon que les joueurs ne peuvent plus ni les voir ni les entendre… Mais rien n’y fait. Le jour du 2ème match seul Spassky est à la table. L’arbitre enclenche la pendule de Bobby et déclare, 1 heure plus tard, le russe vainqueur par forfait (ce qui reste unique dans l’histoire des championnats du monde). Plus personne ne s’attendait à voir l’américain se présenter à la troisième partie…mais 1 heure avant le début de celle-ci, Fischer fait savoir qu’il accepte de jouer dans une petite salle annexe, sans caméra et sans spectateur…et Spassky accepte !!! à l’heure dite il joue 1.d4 et doit attendre 5 minutes que Fischer se présente à la table… L’américain sort une nouveauté au onzième coup. La partie sera ajournée, mais quand Spassky découvre le coup mis sous enveloppe, il fait confiance à ses analyses nocturnes et …..abandonne !! Il déclarera plus tard : "Avant la troisième partie je donnai mon accord pour qu’elle se joue dans une pièce close, sans spectateur. Je fus victime de l’illusion que Fischer voulait quitter le match et, en sauvant cette rencontre importante, je pouvais espérer que la lutte continue dans l’esprit des échecs traditionnels. Donner mon accord pour se changement de lieu injustifié fut une grande erreur psychologique. De plus, je le ressentis comme le résultat d’une influence négative sur ma conscience, causée par la dette morale de mon point gagné par forfait."
Après cette troisième partie, Bobby revient donc à 1-2 en ayant gagné pour la première fois contre Spassky…Bien qu’on en soit à la 4ème partie, Fischer joue pour la première fois du match avec les blancs…il provoque le camp soviétique en jouant son ouverture favorite (l’Attaque Sozine) alors qu’il sait très bien que le clan russe l’a passée à la moulinette. Et Spassky répète ses gammes !! il sacrifie un pion pour obtenir une attaque virulente…Mais après la récitation théorique, Fischer tient bon en défense et tient « tout le clan soviétique » en échec en annulant… Ce demi-point est considéré comme une victoire par Bobby. A la 5ème partie, il joue une ligne peu connue de la Nimzo-indienne et trouve une jolie combinaison au 27ème coup. Elle lui fait gagner un pion, la position et la partie…2,5 – 2,5…
Bien qu’il semble que Bobby aie pris l’ascendant sur son adversaire, il continue à envoyer des revendications aux organisateurs. Si la plupart de celles-ci ont trait aux conditions de jeu, quelques unes sont « abracadabrantes »… comme l’expulsion d’Islande de M Chester Fox (qui comptait faire un film sur le championnat)
Dans la 6e partie, c’est la stupéfaction, Fischer commence avec 1.c4. (ce qui était très rare pour lui) anéantissant l'importante préparation de Spassky. Une fois encore, Spassky joue passivement. Et après 1.c4 e6 2.Cf3 d5 3.d4 Cf6 4.Cc3 Fe7 5.Fg5 O-O 6.e3 h6 7.Fh4 b6 8.cxd5 Cxd5 9.Fxe7 Dxe7 10.Cxd5 exd5 11.Tc1 Fe6 12.Da4 c5 13.Da3 Tc8 14.Fb5?! a6?! 15.dxc5 bxc5 16.O-O Ta7 17.Fe2 Cd7 18.Cd4 Df8 19.Cxe6 fxe6 20.e4 d4 21.f4 De7 22.e5 Tb8 23.Fc4 Rh8 24.Dh3 Cf8 25.b3 a5 26.f5, les Blancs ont une attaque dévastatrice et gagnent au 41ème coup. Après cette partie, totalement fair play, Spassky s'associe au public qui applaudit la victoire de Fischer. Il considérera cette partie comme la meilleure du match.
La 7e est nulle, en dépit de deux pions de plus pour Fischer. Dans la 8e partie, Fischer rejoue 1.c4, cette fois-ci. Spassky perd la qualité avec peu de compensations, et il n'est pas sûr que ce soit un sacrifice plutôt qu'une gaffe.
Fischer gagne et mène le match 5-3.
La 9e partie est retardée car Spassky tombe malade. Elle se termine en nulle après 29 coups seulement. L'attitude des joueurs amuse le public, Fischer s'avançant et reculant sur sa chaise, et Spassky l'imitant, ce qu'un spectateur décrit comme deux morts qui dansent. À ce moment, les Soviétiques demandent à Spassky de revenir à Moscou et de réclamer la victoire par forfait. Conscient du risque important que cela implique, Spassky refuse. Fischer gagne la 10e partie, dans une variante aiguë de la partie espagnole, l'une de ses ouvertures favorites. Spassky gagne la partie suivante avec une nouveauté théorique dans la variante du pion empoisonné de la sicilienne Najdorf, une des défenses de prédilection de Fischer. La 12e est nulle.
La 13e partie (une Alekhine) bascule dans un sens, puis dans l'autre et est finalement ajournée avec un avantage pour Fischer dans une position aiguë mais sans gain clair. L'analyse de l'équipe soviétique les a convaincus que la position était clairement nulle. Fischer continue à analyser toute la nuit jusqu'à 8 heures le matin (la partie reprend à 14h30). Il ne trouve pas non plus de gain, mais parvient à tendre des pièges à Spassky, qui tombe dedans. Les secondants de Spassky sont stupéfaits, et Spassky lui-même reste à la table longtemps après la fin de la partie, incapable de croire le résultat final.
Malgré que l’issue du match ne fasse plus aucun doute, Fischer continue encore et encore ses réclamations. Il fait retirer les 7 premières rangées de spectateur(les organisateurs marquent leur accord pour les trois premières) et il interdit l’entrée du hall aux enfants dont les papiers de bonbons font trop de bruit…
Les sept parties suivantes sont nulles. Fischer, avec une avance de trois points, est satisfait de se rapprocher du titre, et Spassky semble résigné à son sort. Les Soviétiques prétendent que Fischer fait usage d'équipements chimiques et électroniques pour contrôler Spassky, ce qui conduit à une fouille de la salle par la police islandaise.
La 21e partie est la dernière. Spassky joue mal dans la finale et la partie est ajournée avec un gros avantage pour Fischer. Spassky abandonne par téléphone, ce que Fischer refuse d'abord, exigeant la signature traditionnelle de la feuille de partie, mais finit par y consentir, et devient ainsi le 11e champion du monde d'échecs.
Le score final est 12½ - 8½.
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Message  patriski Mer 14 Mar - 0:41

Comme nous l’avons vu, Fischer remporte son premier championnat des USA « adulte » en 1957 à l’âge de 14 ans. Il n’en restera pas là….il remporte également les championnats US de 58, 59, 60, 62, 63, 65 et 66. À noter qu’en 1963 il marque 100% des points et laisse Evans à 3,5 pts !!!
Comme Fischer n’a jamais manqué d’ambition, dès ses 15 ans et son deuxième titre national en poche, il déclare qu’une seule place l’intéresse : celle de champion du monde. Quand un journaliste lui demande avant l’interzonal de Portoroz (yougoslavie en 1958) comment il compte s’y prendre pour se qualifier, il a une réponse à la Petrossian : « je ferai nulle avec les Grands Maîtres et j’écraserai les joueurs minables ». … et il y arrive !!! cependant au tournoi des candidats ce sera une autre paire de manches et il terminera cinquième sur 8. N’oublions pas qu’il a alors 15 ans et qu’il justifie amplement le titre de Grand Maître qui lui a été décerné l’année précédente.
Fischer retentera sa chance à la course au titre en 1962 à l’interzonal de Stockholm. Et encore une fois il fait une forte impression, il est invaincu, il termine premier avec 13 victoires et 9 nulles. Geller et Petrossian sont deuxièmes à 2,5 pts. Malheureusement pour Bobby, le tournoi des candidats de Curaçao de la même année sera une des plus grandes désillusions de sa jeune carrière. Rappelez vous, il s’agit de ce tournoi où 5 des 8 candidats sont soviétiques. Bobby prétendra (à raison sans aucun doute) que Petrossian, Geller et Keres se sont arrangés pour annuler rapidement entre eux pour se ménager des plages de repos. Petrossian se qualifie pour disputer le titre à Botvinik.
Dégouté, Fischer déclarera : « Les Russes trichent. Ils ont sclérosés le monde des échecs. Je récuse cette formule du championnat du monde qui permet aux Russes de jouer en équipe. Je ne participerai plus jamais à un tel tournoi des candidats ». Il disparait de la scène jusqu’en 1965 !!!
Les protestations de Fischer ne seront pas restées lettre morte. La FIDE décide de modifier le règlement du tournoi des candidats. Les 8 protagonistes se rencontreront deux par deux (style tournoi de tennis). De cette manière, aucun « esprit d’équipe » n’est plus possible. Malgré ce changement majeur, Bobby ne participera pas au cycle suivant des championnats du monde.
Il souhaite faire son retour au mémorial Capablanca de La Havane (Cuba 1965). Cependant, le département d’Etat américain lui interdit de se rendre dans le pays de Fidel Castro… Bobby pour une fois se montre conciliant….quoique….il propose de participer au tournoi depuis le Marshall Chess Club de New York. Ses coups seront transmis par telex. Le fils de Capablanca assurera la transmission des coups sur le sol Cubain. Les parties de Fischer dureront deux à trois heures de plus que les parties jouées sur place. Il terminera à la seconde place (15/21) derrière un Smyslov en état de grâce.
L’année suivante il participera à la Coupe Piatigorsky (Santa Monica en Californie). Le tournoi était très relevé (Petrossian, Spassky, Reshevsky, Najdorf, Larsen, Portisch,…. Il terminera encore deuxième derrière un Spassky format champion du monde (qu’il n’est pas encore).
Il prend part au cycle suivant, en 1967, Fischer est logiquement un des favoris de l’interzonal de Sousse en Tunisie. Mais comme on l’a vu précédemment, il refuse de jouer du vendredi soir au samedi soir, et quand les organisateurs veulent le faire jouer pendant les jours de repos pour rattraper son retard, il refuse. Les organisateurs n’ont pas d’autre choix que de l’exclure du tournoi. Fischer avait jusque là éclaboussé le tournoi de toute sa science du jeu, il était largement en tête. Bobby disparaît à nouveau pour deux ans. Et Pendant que Spassky prend le titre à Petrossian, il se prépare….
En 1970 à lieu l’interzonal des Baléares (première étape des championnats du monde). Fischer n’est pas qualifié car il n’a pas participé aux championnats américains. Il faut pourtant trouver une solution pour permettre à Bobby de participer…un cycle de championnat du monde sans lui perdrait de sa saveur…Les organisateurs changent le règlement en catastrophe et permettent à Bobby de participer si un autre américain lui cède sa place….. Au grand soulagement de ses fans, Benko se sacrifie !!!
Les participants à cet interzonal sont les russes Smyslov, Polougaieevski, Geller, Taimanov, les autres sont, Larsen, Panno, Mecking, Hubner, Portisch, Uhlmann, Hort, Gligoric, Matulovic…..
Fischer aura un peu de mal à rentrer dans le tournoi, ce qui aura le mérite de conserver un peu de suspens. Mais dès la deuxième moitié du tournoi il se transforme en bulldozer et écrase la concurrence,…il remportera les 7 dernières parties pour terminer largement en tête avec 3,5 pts d’avance sur Larsen et Geller.
Vient alors un tournoi des candidats de folie…
En quart de final Fischer est favori face à Taimanov (la rencontre se joue à Vancouver au Canada). Les secondants de Taimanov lui demandent de tenir les 40 premiers coups, jusqu’à l’ajournement, puis de leur faire confiance pour les analyses nocturnes…Mais le score du match est sans appel 6-0 pour Fischer !!! Les autres quarts voient les victoires de Petrossian contre Hubner ; Larsen contre Uhlmann et Kortchnoi contre Geller.
En demi finale, Petrossian écarte Kortchnoi, 5,5 – 4,5
Fischer affronte Larsen à Denver. Larsen est plutôt confiant, après tout il est le seul qui a réussi à battre l’américain à l’interzonal. Mais Fischer fait une nouvelle démonstration de force….6-0…
La finale contre Petrossian est attendue par tout le monde…Petrossian est réputé pour sa solidité… Fischer peut-il lui infliger un 6-0…
Nous sommes en 1971 à Buenos Aires et la finale du tournoi des candidats commence…après avoir satisfait aux exigences de l’américain : changement de l’éclairage jugé trop cru, installation de l’air conditionné, éloignement des spectateurs à au moins 10 mètres de l’échiquier, interdiction de prendre des photos,…
Dès la première partie, on en a plein les yeux. Petrossian a les noirs et joue une sicilienne. Lui qui est réputé pour son jeu défensif se lance à l’attaque dès le onzième coup. Il espère ainsi déstabiliser son adversaire..Mais chassez le naturel et il revient au galop, Petrossian se met à jouer des coups plus défensifs…il propose une nulle par répétition de coups au trentième coup, mais Fischer au prix de ses pions centraux refuse la nulle et gagne la partie au quarantième…1-0.
Deuxième partie, Fischer confiant part à la chasse aux pions, le tigre se rebiffe et frappe juste….Bobby perd 1-1
On pense alors que le russe a réussi à amener l’américain sur son terrain…les trois parties suivantes sont nulles..2,5 - 2,5
La sixième partie est un modèle du genre. Petrossian à les blancs et joue pour la nulle. Fischer cherche de l’activité. Il gagne un pion. À l’ajournement après 40 coups, tout le monde est d’accord pour dire que Fischer est mieux, mais que face à Petrossian il semble impossible de forcer la victoire…mais au 67ème coup, et malgré toutes les profondes analyses du camp russe, Bobby reprend l’avantage 3,5 – 2,5.
Le match a changé d’âme…Fischer part à l’abordage d’un Petrossian anéanti moralement…les trois parties suivantes sont remportées par l’américain qui gagne le match et le droit d’affronter Spassky pour le titre 6,5 - 2,5. Battre 5 fois Petrossian sur 9 parties est un fameux exploit en soi !!!

La prochaine fois se sera le match du siècle !!!
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Message  patriski Sam 4 Fév - 17:29

Tout qui s’intéresse un peu au jeu d’échecs a entendu parler du « match du siècle » qui opposa en 1972 à Reykjavik le Champion du monde en titre Boris Spassky à Bobby Fischer.

Ce match j’y reviendrai dans un prochain post (faudra être patient). Fischer étant un personnage à part, je vais d’abord vous parler de ses origines…..

Sa mère Regina Wender est américaine mais d’origine juive allemande. Elle rencontre à Berlin en 1933 Hans Gerhardt Leibschner, un bio physicien. Celui-ci change son nom en Fischer afin d’avoir une consonance moins juive…Ce ne sera pas suffisant, car vu les temps qui courent, le couple décide de quitter l’Allemagne pour l’URSS et s’installe à Moscou. Leur fille Joan voit le jour en 1938. Malheureusement pour eux, l’antisémitisme fait rage également en Union Soviétique. Ils franchissent l’Atlantique et s’installent aux USA. Suivant les sources, soit Hans Fischer a suivi sa femme et sa fille, soit il est directement parti pour le Chili.
Robert James Fischer est né à Chicago en 1943. Si son père « officiel » est bien Hans Fischer, il se pourrait bien que son père biologique soit un physicien juif hongrois installé aux States : Paul Nemenyi. Celui-ci aurait participé au projet Manhattan pendant la seconde guerre mondiale (la mise au point de la première bombe A), ce qui valu à la mère de Bobby d’être surveillée par le FBI vu ses origines allemandes et ses 6 années passées en URSS…. Tout ceci peut sembler anecdotique, mais le caractère « particulier » de Bobby trouve à mon avis son origine dans cette situation.
La famille Fischer (Regina, Joan et Bobby) s’installe à New York. Un jour de 1949, Joan achète à son frère un jeu d’échecs. Son premier contact officiel avec le plus noble des jeux date de 1951. Cette année là il perd une simultanée contre le GM Max Pavey. Suite à cette partie, il s’inscrit au club d’échecs de Brooklyn.
Milieu des années 50 Bobby fréquentera également le Manhattan Chess Club où il devient rapidement le plus fort joueur de blitz. Les grands Maître de passage évitent soigneusement de jouer des parties rapides contre cette terreur en culottes courtes.
A 12 ans Bobby participe à ses premiers championnats US junior (moins de 20 ans). Il termine 20ème sur 25. Il revient l’année suivante et gagne son premier titre !!!
De retour à l’école, Bobby s’installe dans le fond de la classe et passe tout son temps à lire des revues et des bouquins traitant du jeu…trois ans plus tard il claque la porte…les études c’est fini pour lui..nous sommes en 1957…et ce gamin de 14 ans vient de gagner son premier championnat des Etats Unis « adultes » en gagnant 8 parties, aucune défaite et 5 nulles….
A partir de là, la vie de Bobby va se résumer au jeu d’échecs…Il va de tournoi en tournoi et s’il n’est pas occupé à jouer une partie, il est sur un coin de table avec un échiquier et il explore des variantes. Max Euwe déclare un jour : « Il étudie les échecs jour et nuit. En fait, je ne l’ai jamais vu faire autre chose. ». Sa passion est si prenante qu’il n’a ni ami ni petite amie. La jouissance qu’il éprouve quand il sent l’ego de son adversaire anéanti suite à une défaite lui suffit !!!
Si Fischer n’a pas d’amis, il ne manque pas d’ennemis… l’apparition de Bobby dans le monde de Caïssa correspond à l’ère Botvinnik et à la suprématie des joueurs soviétiques. Il déclarera : « Les échecs demandent une concentration totale et de l’amour pour le jeu. Les Russes ont produit de grands joueurs mais pas de talents naturels, car ils n’ont jamais eu à se battre. Vous pouvez devenir bon seulement si vous adorez le jeu. Je ne suis pas sûr que les russes soient dans ce cas. Ils sont plus intéressés par ce qu’ils peuvent en tirer, ce qui ne développe pas le caractère. Il faut connaître l’adversité pour développer son caractère. Tout est venu trop facilement aux joueurs russes. Ils ont le traitement du tapis rouge. » (tiré de Grandmasters of Chess de H. Schonberg)

La semaine prochaine je vous raconterai son ascension jusqu’aux championnat du monde…
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Message  patriski Ven 27 Jan - 0:11

Petrossian reste fidèle à lui même pendant son deuxième règne... peu de victoire, très peu de défaite et des nulles, des nulles et encore des nulles!!! Le public en a un peu marre et on craint un désintérêts des échecs..
Heureusement trois joueurs vont redynamiser le jeu. Ces trois joueurs sont là avant tout pour gagner la partie qu'ils jouent, peu importe leur classement dans le tournoi auquel ils participent et peu importe leur adversaire!!! Comble de bonheur, ces trois mousquetaires viennent des trois blocs qui dominent la planète Caïssa. Un russe (Kortchnoï), un européen (Larsen) et un américain (Fischer). Leurs motivations? devenir Champion du monde et les prix en monnaie sonnante et trébuchante attribués au vainqueur des tournois.
Kortchnoï a un style bien à lui, hors du moule soviétique...Il est tellement imprévisible que l'argentin Najdorf dira de lui :"Quand je joue contre Kortchnoï, je me lève dès que j'ai joué mon coup. Rien ne sert de réfléchir quand c'est à lui de jouer car on ne peut jamais prévoir ce qu'il va faire!!"
Kortchnoï attaque pratiquement toujours l'aile dame et laisse son aile roi à l'abandon. Forcémment son adversaire est tenté de partir à l'assaut de son roi quitte à sacrifier du matériel, Il a ensuite la faculté de partir violemment en contre attaque. Il avait une excellente condition physique qui le rendait redoutable dans la cinquième heure de jeu. Enfin, il a un moral d'acier, il n'est jamais démoralisé par une défaite!
Les dirigeants soviétiques lui reprocheront de ne pas avoir sa langue en poche. Kortchnoï aura ,entre autre, eut le toupet de déclarer en 1972 :"Fischer est le plus fort joueur du monde, et de loin!!" On ne lui pardonnera pas. Il obtiendra l'asile politique de la Suisse en 1978 et la nationalité suisse en 1992. D’une longévité sans équivalent dans le circuit professionnel, Kortchnoï a affronté tous les champions du monde depuis Botvinnik jusqu’à Kasparov, Kramnik, Anand,Topalov.... Il a un score égal face à Botvinnik et Fischer et a un score positif face aux champions du monde Tal, Petrossian et Spassky. Il sera champion du monde .....senior en 2006. Il est Champion de Suisse 2009 et 2011...à 80 ans...un record pour un champion national!
Larsen fera une année 1967 exceptionnelle. Il gagne les tournois de La Havane, Winnipeg, Palma de Majorque et enfin l'interzonal de Sousse avec 1,5 point d'avance sur le deuxième. Ce qui est frappant dans cet interzonal, c'est qu'il le gagne en ayant perdu 3 parties, alors que Gligoric qui termine deuxième n'en a perdu aucune....Larsen en a gagné 13!!! pour seulement 7 à Gligoric...
Malgré qu'il demandait "cher" pour participer à un tournoi, il était recherché par les organisateurs car il donnait toujours du grand spectacle. Il n'hésite pas à jouer des ouvertures inférieures, voire fantaisistes, pour autant que ça débouche sur des complications tactiques. Plus ça semble complexe, plus il semble dans son élément.
Enfin Fischer allait surprendre tout son monde en annonçant sa participation à l'interzonal de Sousse. Il a été tellement brillant les deux années précédentes qu'il ne fait aucun doute qu'il va facilement se qualifier pour le tournoi des candidats. Et effectivement il écrase tout sur son passage et marque 8,5 points sur 10!!! Mais voilà, Fischer fait partie de la secte des "advantistes du Septième Jour" et il refuse de jouer aux échecs du vendredi au couché du soleil jusqu'au samedi au couché du soleil. Si les organisateurs tunisiens ont accepté ses exigences et s'en sont accomodés, les choses se gâtent quand ceux-ci veulent le faire jouer trois jours de suite pour rattraper son retard!!! Fischer refuse et claque la porte du tournoi!!! Il ne sera pas présent au tournoi des candidats.

Les 1/4 de finale du tournoi des candidats seront sans surprise:
Tal - Gligoric (5,5 - 3,5)
Spassky - Geller (5,5 - 2,5)
Larsen - Portisch (5,5 - 4,5)
Kortchnoï - Reshevsky (5,5 - 2,5)

En demi, on attend beacoup du match Larsen Spassky.... Mais Spassky se montrera supérieur au danois et il remporte les 3 premières parties et le match (5,5 - 2,5). dans l'autre demi, Kortchnoï vient difficilement à bout de Tal 5,5 - 4,5.

En finale Spassky bat Kortchnoï sans trop de difficulté 6,5 - 3,5.

La finale du championnat du monde 1969 sera un remake de 1966. Spassky est donné favori contre Petrossian. Mais on sait à quel point il est difficile de battre l'Arménien.
Première partie ajournée dans une position qui donne l'initiative à Petrossian mais il semble facile à Spassky d'annuler. A la reprise Spassky joue vite pour bien montrer que la nulle est évidente.....Petrossian tend un piège et par excès de précipitation, Spassky tombe dedans...1-0 pour le Champion.
Après deux nulles, Spassky opte pour une défense Tarrasch qui est pourtant réputée inférieure....et il gagne!!!
A la cinquième partie Spassky enfonce le clou et prend la tête. Viennent deux nulles. Au 14ème coup de la 8ème partie, Petrossian commet une bévue incroyable à ce niveau. Il donne la qualité sans contre partie, il s'inclinera au 40ème coup...Plus personne ne miserait un kopeck sur Petrossian. Surtout qu'il perd encore une qualité à la partie suivante, mais il arrive à sauver un demi-point...
Avec ses deux points d'avance, Spassky décide de jouer la prudence....celle-ci se transforme en peur de perdre et l'inévitable arrive, Petrossian revient dans le match en gagnant les parties 10 et 11!!! Petrossian bétonne alors son jeu et 5 nulles suivent. A la 17ème partie, alors qu'on s'attend à une défense Petrov, Petrossian surprend tout son monde et joue une sicilienne...sans doute pour surprendre Spassky...mais tel est pris qui croyait prendre...Spassky reprend la tête. A la partie suivante, Spassky adopte la meilleur stratégie. Au lieu d'attendre Petrossian, il part à l'attaque le premier. Petrossian a le réflexe de défendre....et une nulle qui arrange Spassky.
A la 19ème partie, Petrossian adopte à nouveau la sicilienne (ildoit absolument gagner). Spassky livrera un modèle de partie d'attaque: développement rapide, ouverture des lignes, sacrifice d'un pion puis d'une pièce et une combinaison menant au mat (à voir bientôt dans l'onglet parties célèbres). Petrossian réagit à la partie suivante et gagna joliment. Plus qu'un point de retard...Mais dès la partie suivante Spassky met fin au suspens et reprend deux points d'avance...A l'ajournement de la 23ème partie, la position est désespérée pour Petrossian et il n'a rien de mieux à faire que d'accepter la nulle que lui propose Spassky...Celui-ci devient le 10ème champion du monde le 17 juin 1969.
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Message  patriski Ven 13 Jan - 1:00

Après son titre de Champion du Monde, Petrossian reste humble. Il faut dire qu'il a toujours autant de mal a s'imposer en tournoi. A un journaliste qui lui demande si ça ne le dérange pas, en tant que Champion du monde, de terminer ses tournois aux places d'honneur mais pas sur la première marche du podium, il répond : "Je n'ai jamais demandé à être Champion du monde". En effet, on peut considérer que ce qui l'a amené sur le toit du monde, c'est son instinct de survie. En duel il semble imbattable, mais en tournoi ses nombreuses nulles lui portent préjudice.

Le cycle suivant, qui allait déterminer son futur Challenger, se mit en marche. Un adversaire dangereux ne sera pas présent, comme il l'a promis, Fischer refuse d'y prendre part. Il vient pourtant de gagner le championnat des USA en marquant 11/11!!!

Bien que les soviétiques soient au dessus du lot, un jeune joueur occidental pointe le bout de son nez, il est Danois : Bent Larsen. C'est un fonceur, comme Tal. Mais si Tal est adepte des coups de Poker tactiques, Larsen prenait des risques stratégiques. Ses parties sont "bizarres", il joue des coups qui semblent inoffensifs, on ne voit pas très bien où il veut aller, mais tout d'un coup, on se rend compte que son opposant est "étouffé", Larsen n'a plus qu'à cueillir ce qu'il a semé. Il gagne l'interzonal d'Amsterdam de 1964 et se qualifie donc pour le tournoi des candidats. Deux autres Européens l'y rejoignent ; le Yougoslave Ivkov (Champion du Monde Junior de 1951) et le Hongrois Portish. Ce dernier avait a l'époque la réputation d'être une encyclopédie vivante dans le domaine des ouvertures. Côté russe, on retrouve Smyslov (comme d'habitude), Keres (qualifié d'office car deuxième du dernier tournoi des candidats); Tal (comme avant dernier Champion du monde, puisque Botvinnik s'est retiré); Geller qui semblait être un Challenger en puissance tant il était perfectionniste dans son jeu (ce qui lui vallait assez souvent de se retrouver en manque de temps) et enfin Spassky. Spassky semble le plus doué et le plus précoce des candidats de 1965. Il a cependant un énorme problème : le mental!! Il lui arrivait de flancher dans les parties importantes...ce qui par le passé lui aura vallu de manquer deux fois une qualification pour l'interzonal à la dernière ronde du zonal auquel il participe.

Le tournoi des candidats se jouera comme un tournoi de tennis. Chaque Match se joue au meilleur des 10 parties. on a donc en 1/4 de final

Spassky - Keres (6-4)
Geller - Smyslov (5,5 - 2,5)
Tal - Portisch (5,5 - 2,5)
Larsen - Ivkov ( 5,5 - 2,5)

en demi finale, on retrouve :

Spassky - Geller (5,5 - 2,5)
Tal - Larsen ( 5,5 - 4,5)

et en finale au meilleur de 12 parties

Spassky - Tal (7-4)

Le challenger est connu.... et comme d'habitude, la question que toiut le monde se pose, c'est :"comment Spassky va t'il faire face à l'attentisme de Petrossian." Et dès la première partie, on a une petite idée. Comme contre Tal, Spassky veut faire durer le match et faire jouer sa plus grande résistance physique en fin de rencontre...Ce sera une guerre des nerfs.

Après 6 nulles pendant lesquelles les deux protagonistes ont surtout montré comment annihiler les tentatives adverses, la septième partie allait réveiller les spectateurs... Spassky a les blancs et ouvre pour la première fois avec le pion dame. Il joue l'Attaque Torre (1.d4 Cf6 2. Cf3 e6 3.Fg5...) et au jeu provoquant des blancs, Petrossian répond par une attaque sur le roi blanc, il fait grand roque, bloque l'aile dame (celle où se trouve son roi puisqu'il a fait grand roque) et part à l'assaut du monarque ennemi en sacrifiant la qualité et au 44ème coup spassky abandonne...
rebelotte à la dixième partie, Spassky part à l'attaque (une variante Panno de l'est indienne) gagne une qualité, puis deux,...puis perd la partie sur une jolie combinaison que Petrossian avait vue au deuxième sacrifice de qualité...le voilà avec deux points d'avance.
La douzième partie est de toute beauté également, Petrossian sacrifie à nouveau une qualité, se retrouve avec trois pièces mineures en prises, mais c'est lui qui a l'attaque. Néanmoins Spassky est tout heureux d'égaliser au 39ème coup sur répétition de la position pour la troisième fois... Petrossian qui a oublié la règle en sera malade...et comme bien souvent dans ces cas là, Petrossian, dans la foulée de sa déception perdra la 13ème partie sur une préparation de Spassky sur la Caro-Kann.
Puis le match se calme un peu jusque la 19ème partie. Spassky égalise enfin après une longue partie de 70 coups!! Tellement éprouvante que, fatigué, il laisse Petrossian reprendre l'avantage à la partie suivante!! Il reste 4 parties à jouer et Spassky doit en gagner deux s'il veut être Champion. après une nulle à la 21ème, Spassky tente de surprendre son adversaire avec les noirs. et sur 1.d4... il répond 1...b5 (la défense Polonaise, sans doute parceque ce coup a dû être joué sous l'influence de la Vodka). Mais ce début fantaisiste se retourne contre lui et Petrossian reprend 2 points d'avance à deux match du terme...Il conservera donc son titre. les deux dernières parties furent tout de même jouées, victoire de Spassky à la 23ème et nulle à la dernière...

Petrossian garde donc son titre en 1966. Celui-ci sera remis en jeu en 1969...
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Message  Invité Jeu 5 Jan - 19:06

Merci tonton Paul!

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un peu d'histoire Empty Le Tigre

Message  patriski Jeu 5 Jan - 1:11

Botvinnik à nouveau Champion du monde, un nouveau cycle se met en route. Après les tournois zonaux, se joue l'interzonal dont les 6 premiers seront qualifiés pour le tournoi des candidats. A ces 6 joueurs s'ajouteront, le deuxième du dernier tournoi des candidats (Keres) et le finaliste malheureux des derniers championnats du monde (Tal).

Dans les 6 premiers de l'interzonal, personne n'est surpris de retrouver 3 soviétiques (Geller, Petrossian et Kortchnoi). Ce qui est surprenant par contre, c'est que le vainqueur de ce tournoi est un jeune américain.... Robert Fisher, dit Bobby. D'autant plus que Bobby termine avec 2,5 pts d'avance sur les deuxièmes (Geller et Petrossian)!!! Outre ces quatres Grands Maîtres et les deux qualifiés d'office, Filip (Tchécoslovaque) et Benko (américain émigré de Hongrie) complètent le groupe des 8 participants au tournoi des candidats qui se joue à Curaçao en 1962. Chaque joueur rencontrera 4 fois chacun de ses opposants, soit 28 parties à disputer. Plusieurs faits marquants se produisent durant ce tournoi. Tout d'abord, on a la confirmation de la mauvaise santé de Tal. Dès le début du tournoi, il souffre énormément des reins, il s'accorchera jusqu'à la fin du troisième tour (21 parties) puis abandonne. Ensuite, sur les 8 joueurs, 5 sont soviétiques. Il semble évident qu'ils sont trois à s'être entendus pour annuler entre eux et se ménager ainsi des périodes de repos dans ce marathon. Keller, Keres et Petrossian firent systématiquement nulle entre eux sans livrer combat. Fisher écoeuré écrivit à la fédération pour se plaindre. Il renoncera à participer à un autre cycle qualificatif tant que le système ne sera pas modifié!!!
Petrossian remporte ce tournoi avec 17,5/27 devant Keres et Geller (17/27) puis Fisher (14/27).

Personne ne croit dans les chances du Challenger. Petrossian a un jeu ennuyant, il gagne très rarement (20% de ses parties), mais perd encore plus rarement!!! Il a un jeu hyper solide, et accèpte facilement les propositions de nullité. Dans les tournois auxquels il participe, il gagne contre les faibles joueurs et annule contre les autres....il termine donc très souvent aux places d'honneur mais pratiquement jamais à la première place.

Son surnom de "Tigre" vient à la fois de son prénom "Tigran" que de sa manière de jouer...Il semble somnolent, ne cherche pas à gagner, mais à la moindre imprécision de son adversaire, il donne un coup de patte meurtrier!!!

Depuis les derniers championnats, la FIDE a modifié le règlement. Le Champion du monde, s'il perd son titre, n'aura plus droit à une revanche. Il devra repasser par le tournoi des candidats du cycle suivant. Mais Botvinnik n'en a cure. s'il a du batailler ferme contre les candidats précédents, il ne voit pas comment il pourrait être inquiété par le jeu peu agressif de Petrossian. Après tout, 24 nulles lui permettent de garder son titre...
Le match à lieu en 1963 dans un théâtre de Moscou. A la première partie, Petrossian semble excessivement nerveux. après 13 coups il a une mauvaise position. Fidèle à son habitude, il betonne mais victime de sa nervosité il fait une imprécision au 30ème coup. Botvinnik s'engoufre dans la brêche et remporte la première partie du Match!!! viennent ensuite 3 nulles. La cinquième partie est une Grünfeld (Petrossian à les blancs). Après 11 coups, la partie semble égale, mais Petrossian s'était préparé sur la variante jouée. Il aurait déclaré à son secondant que si cette position se présentait durant le match il gagnerait la partie. Ses arguments??? les micro-avantages qui découlent de la position : la case e4 qui pourrait servir d'avant poste, deux îlots de pions contre 3, le roi blanc plus proche du centre que son homologue (les dames ont été échangées). La partie sera ajournée au 40ème coup, 8 coups après la reprise, Botvinnik abandonne!!
Cette 5ème partie porte un coup au moral au champion en titre. Il vient d'être battu sur son terrain : la technique. Après cette partie, Botvinnik craindra de rentrer dans des finales légèrement inférieures, psychologiquement, Petrossian vient de prendre le dessus. Et à la 7ème partie, l'Arménien place une combinaison au 27ème coup, gagne la qualité et s'impose à nouveau grâce à sa technique en finale...Petrossian prend l'avantage!!!
les 6 parties suivantes sont nulles, malgré son âge, Botvinnik semble supporter la pression. La 14ème partie est ajournée dans une position favorable à Botvinnik, mais il reste énormément de possibilités. Botvinnik se couche tôt, Petrossian passe toute la nuit à analyser la position avec son secondant (Boleslavski). Au 54 ème coup, Petrossian croit reconnaître une position analysée la nuit, et joue rapidemment.....une imprécision...il a confondu deux positions!!! Botvinnik égalise....mais c'est son chant du Cygne!!!
Dans la partie suivante, il rentre à nouveau dans une finale légèrement inférieure découlant d'une Grünfeld et le scénario de la 5ème partie se reproduit. Petrossian prend le dessus techniquement et s'impose après une longue lutte en finale. Deux nulles suivent, puis à nouveau une victoire de Petrossian. A ce stade du match, c'est surtout physiquement que Petrossian prend le dessus. Il profite de son jeune äge (il a 34 ans) et du travail de son secondant. Botvinnik, lui n'est plus tout jeune (il va sur 52 ans) et n'a pas pris d'aide...
L'Arménien prend un troisième point d'avance à la partie suivante (la 19ème du match). La messe est dite, et trois nulles plus tard, Petrossian devient Champion du monde.
A cause de la modification du règlement, Botvinnik doit repasser par les matchs des candidats s'il veut reconquérir son titre. Il ne se sent pas la force de repasser par un tournoi qualificatif et se retire de la course au titre mondial, mais il continue à jouer quelques tournois jusqu'en 1970. Après la perte définitive du titre mondial; il se consacrera à l'élaboration d'un ordinateur joueur d'échecs!!! Le but? battre les meilleurs joueurs du monde avant l'an...2000
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Message  patriski Lun 2 Jan - 9:00

après un mois de décembre chahuté par les examens et les festivités santa , l'Oncle Paul reviendra tous les milieux de semaine (mercredi ou jeudi) pour vous divertir jocolor
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Message  patriski Ven 16 Déc - 1:07

Après le sacre de Botvinnik, la Fide fixe les modalités pour le championnat du monde. Celui-ci aura lieu tous les trois ans, si le challenger gagne, il devra accorder une revanche au champion déchu l'année suivante. Le délai entre deux championnats servira à déterminer qui sera Challenger. Celui-ci devra d'abord terminer dans les trois premiers d'un tournoi interzonal pour pouvoir jouer le tournoi des candidats. Le vainqueur de ce tournoi devenant ainsi le challenger du Champion en titre. Enfin, le championnat du monde se jouera sur un match de 24 parties, le Champion du monde gardant son titre en cas d'égalité.

Après son titre, Botvinnik disparait des tournois et termine sa thèse de doctorat sur la régulation des moteurs élèctriques. Pendant ce temps, le challenger pour les championnats du monde de 1951 est désigné suite au tournoi de Budapest. Deux joueurs terminent en tête, Bronstein et Boleslavski. Un départage est organisé, Bronstein le remporte facilement. Bronstein est l'antithèse de Botvinnik. C'est un romantique dans l'âme et un fin psychologue. Il sait quoi faire pour déstabiliser ses adversaires. Il lui arriva un jour de s'assoir à la table de jeu, et bien qu'il aie les blancs, il se prit la tête entre les mains, réfléchit une heure et joua son premier coup!!! Son adversaire excédé perdit rapidemment la partie. Quand le match contre Botvinnik commenca à Moscou en 1951, Bronstein prit un malain plaisir à réduire à néant la préparation de son opposant....Jusque là il jouait systématiquement 1.e4.... avec les blancs. Pendant le match il jouera 11 parties (sur 12 avec les blancs) en poussant le pion dame au premier coup. Et avec les noirs, il jouera la défense favorite de Botvinnik (la hollandaise) afin de le forcer à se battre contre ses propres idées...
Si les deux protagonistes ont des styles opposés, ils ont cependant un point en commun, se sont deux lutteurs!! le Championnat sera passionant. Bronstein sera le premier à gagner une partie (la 5ème), mais il gaffe à la 6° en perdant une finale archi nulle, il perd également la 7ème sans doute sous le choc de la partie précédente. La suite du match sera un chassé croisé , les deux joueurs prenant la tête chacun à leur tour..Bronstein gagne la 22ème partie suite à une très jolie combinaison (il laisse sa dame en prise, mais elle est tabou...). le score est alors de 11,5 - 10,5 pour Bronstein. S'il veut conserver son titre, Botvinnik ne peut plus perdre et doit gagner au moins une partie. La 23ème partie est plutôt calme au début, les dames sont vite échangées...Puis Bronstein, gagne un pion, mais se retrouve avec deux cavaliers contre la paire de fous et 4 pions contre 3....au 57ème coup il réfléchit 40 minutes et ....abandonne. Il est en zugzwang. Quoiqu'il joue, sa position est désespérée...S'il veut gagner le titre, Bronstein n'a plus le choix il doit gagner la dernière partie, mais trop nerveux il joue mal l'ouverture et dans une position douteuse il propose la nulle que Botvinnik s'empresse d'accepter. 12-12, le Champion en titre reste champion du monde!

Un nouveau cycle de tournois qualificatifs se met en place. Le tournoi des candidats se joue à Zurich, il rassemble 29 grands maîtres...Il y aura donc 28 parties à jouer pour disputer le titre à Botvinnik...Vassily Smyslov remporte le tournoi haut la main, deux points devant Keres, Reshevsky et Bronstein. Outre les échecs, Smyslov excelle dans un tout autre domaine, l'opéra (il est baryton). Après chaque désilusion échiquéenne, il était tenté d'abandonner son sport pour la scène...heureusement pour Caïssa, il n'en fit jamais rien.
Le jeu de Smyslov est difficilement cataloguable tant il est bon dans tous les domaines. Pendant le match contre Botvinnik, il essayera sans cesse de porter le débat sur le terrain tactique pour forcer son opposant à jouer contre nature. Moscou 1954 sera de haute facture. il y aura peu de nulle (seulement 10 sur les 24 parties) et une série de 8 parties se terminant par le gain d'un des protagonistes....
Botvinnik commence en force et mène 2-0 puis 3,5 - 0,5 sans trop de difficultés. On pense alors qu'il n'y aura pas de suspens. Mais après la partie 11 Smyslov prend les devants 6-5.. Sur les 5 parties suivantes, Botvinnik en gagne 4 pour une seule défaite! le score est donc de 9-7 pour le champion en titre..Le match se calme un peu, Botvinnik ne gagne plus mais Smyslov remporte les parties 20 et 23 pour égaliser à 11,5 - 11,5 avant la dernière partie. Le challenger doit donc jouer pour le gain avec les noirs..Mais Smyslov ne trouve pas de bon plan et propose la nulle que Botvinnik accèpte. A nouveau un 12-12 qui profite au Champion en titre...Botvinnik dira après ce titre :"Je suis le premier parmis mes égaux".

3 ans plus tard, Smyslov gagne à nouveau le tournoi des candidats. Il affrontera à nouveau Botvinnik à Moscou en 1957. Cette fois-ci, c'est la bonne pour Smyslov, Botvinnik ne gagnera que trois parties et Smyslov 6...après 22 parties Smyslov l'emporte 12,5 - 9,5..

Tout le monde pense que Botvinnik est fini, mais en 1958 le match revanche se joue à nouveau à Moscou. L'ancien champion du monde est survolté..il gagne les trois premières parties et fait la course en tête tout le match...Smyslov gagnera bien 5 parties, mais Botvinnik en gagne 7. Il reprend son titre un an après l'avoir perdu!!! Un fait rarissime se sera produit pendant ce match. Smyslov joua une ouverture fantaisiste à la 15ème partie et se retrouva dans une situation compromise...la partie fut ajournée et bien qu'il n'y eut plus guère d'espoir, Smyslov se présenta à la table le lendemain. Et le miracle eut lieu...Botvinnik "bloqua" au 55ème coup, prit 1h 40 de réflexion et perdit au temps!

Pendant se temps une nouvelle étoile voit le jour. Un attaquant "à tout va", grand adèpte des sacrifices en tout genre (même incorrect): Mikhail Tal. Il deviendra champion d'URSS en 1957 devant Botvinnik (il a alors 21 ans) et en 1958. Il arrive souvent qu'on s'aperçoive à l'analyse que les sacrifices de Tal ne sont que du bluff, mais il est tellement impressionant que ça marche!! Ses adversaires se sentent perpétuellement en insécurité et finissent par craquer. On remarque que Tal fixe souvent son adversaire au lieu de regarder l'échiquier. On le soupçonnera même d'hypnotiser ses opposants. Au tournoi des candidats, Tal doit jouer contre Benko. Celui-ci se présente à la table avec des lunettes de soleil sur le nez pour éviter le regard de Tal. Aussitôt, Tal quitte la salle de jeu et revient 15 minutes plus tard affublé d'une paire de lunettes de soleil grotesque (du genre de celles portées par les vieilles touristes américaines). Benko ira protester près de l'arbitre mais ne parviendra qu'à déclancher un fou rire général!!!
Tal remporte facilement le tournoi des candidats de 1959 (en Yougoslvie) avec 20 points sur 28. Le deuxième Keres a 18,5 pts, le troisième Petrossian à 15,5. La finale se joue à nouveau à Moscou en 1960. Et à nouveau les deux protagonistes ont des jeux diamétralement opposés.
Tal part à l'abordage et gagne 3 des 7 premières parties pour 4 nulles. Botvinnik gagne les 2 suivantes mais c'est le chant du cygne..Tal remporte les parties 11, 17 et 19 et prend le titre de champion du monde après 21 parties sur le score de 12,5 - 8,5!!!

A la surprise générale, Botvinnik réclame son match revanche. Le monde échiquéen était pourtant persuadé que Botvinnik alors agé de 50 ans ne risquerait pas une nouvelle débacle devant un jeune de 24 ans . Surtout qu'un an plus tôt Botvinnik n'avait gagné que 2 parties sur 21...
Après 2 parties, une victoire partout et la promesse que le spectacle serait au rendez-vous!!! Le "vieux" Botvinnik s'est bien préparé et ne sera pas impressionné par le jeu ultra agressif de Tal!!! Il le punira même à chaque fois qu'il joue un sacrifice imprécis.. Et le match est une débacle pour Tal...Botvinnik reprend son titre de champion du monde pour la deuxième fois!!! il gagne 10 parties, en perd seulement 5. score final 13-8!!! L'année suivante Tal doit se faire opérer d'un rein. Il sera absent des tournois 10 ans. En 1972 il s'engage à sacrifier une pièce dans toutes les parties du tournoi de Tallin. Il tient parole et remporte le tournoi.

Un nouveau cycle se met en route pour déterminer le challenger des championnats du monde 1963....mais c'est pour la semaine prochaine!!!


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Message  patriski Ven 9 Déc - 0:39

Alekhine est six pieds sous terre....avec son titre de Champion du monde. Voilà une situation que la FIDE (fondée en 1924 à l'initiative d'un français; Pierre Vincent) n'avait pas vraiment envisagée.
La solution trouvée fût la suivante. La fédération organise un tournoi avec les meilleurs candidats possibles. 3 soviétiques et 3 occidentaux, et oui, nous sommes juste après la seconde guerre mondiale et il faut ménager les susceptibilités!!!
Passons les candidats en revue.

Reuben Fine (américain)

Né le 11 octobre 1914 à New York, Fine est un surdoué des échecs. Il est un des meilleurs joueurs de sa génération et pourtant il n'étudie que très peu. Il est psychologue et connait les dangers liés à une vie consacrée entièrement au jeu. Il publiera une analyse freudienne de la vie des champions les plus connus : "the psychology of the Chess player" qui est toujours la référence en la matière.
A la surprise générale Reuben Fine ne jouera pas le tournoi pour des raisons professionnelles. Le titre se jouera donc entre les 5 suivants...

Samuel Reshevsky (américain)

Né en novembre 1911 en Pologne. Il apprend à jouer aux échecs à 4 ans et à 5 ans il est le meilleur joueur de sa ville natale. A 6 ans son père l'emmène à Vienne où il battit simultanément 4 forts joueurs. Ses parents voient dans les capacités de leur bambin le moyen de subvenir aux besoins de la famille et le petit Samuel affronte contre monnaie sonnante et trébuchante, à l'aveugle ou en simultanée, des joueurs à travers toute l'Europe...en 1920 à Paris, il joue 174 parties en 1 mois...162 victoires, 5 nulles et 7 défaites. A 10 ans il prit sa retraite échiquéenne fortune faite...Ses parents l'emmènent alors aux Etats Unis pour pousuivre ses études. il décrochera un diplôme de l'université de Chicago puis...s'orientera vers une carrière de joueur d'Echecs professionnel!!!Il sera 7 fois champions des USA...

Max Euwe (hollandais)

Né en 1901 à Amsterdam, ce docteur en Math deviendra président de la FIDE de 1970 à 1978...Lui aussi a appris à jouer aux échecs à l'âge de 4 ans. Il a un immense avantage sur les autres candidats: il a déjà été Champion du monde suite à sa victoire sur Alekhine en 1935.

Paul Keres (russe)

Né à Tallin en Estonie en 1916, il devient russe en 1940 suite à l'occupation de son pays par les russes. Il en gardera une certaine rancoeurs et sera ravi d'en découdre avec deux "vrais russes" lors de ce championnat. Il faut dire que suite à la conquête de l'Estonie par l'Allemagne en 1941, Keres jouera plusieurs tournois dans les pays occuppés par les nazis. Il sera capturé par l'armée rouge à la fin de la guerre et maintenu en captivité. Il ne pourra pas quitter l'URSS dans un premier temps...
Autant Keres était un gentleman dans la vie courante, autant il était violent sur l'échiquier. Il adorait donner un pion ou deux dans l'ouverture pour donner du jeu à ses pièces. En tout il aura participé à 13 finales des championnats russes et en remportera 3 (47,50 et 51).

Vassily Smyslov (russe)

Né le 24 mars 1921 à Moscou. Il est un des plus forts joueurs de la deuxième moitié du XX° siècle. On retrouve dans son palmarès plusieurs titres significatifs, champion de Moscou, Champion d'URSS, et Champion du monde....mais pas en 1948...

Mickhaïl Botvinnik (russe)

Né en août 1911 à Saint Petersbourg. Le petit Mickhail prendra le point de la victoire contre Capablanca lors d'une simultanée en 1925. L'année suivante il terminera 2° du championnat de Leningrad. Botvinnik deviendra ingénieur en électricité. Il arrivera à mener ses deux carrières avec succès...en général il alternera 6 mois de recherches en élèctricité avec 6 mois de tournoi. Il y trouvera un équilibre, les 6 mois consacré à la fée élèctricité lui donnaient faim de compétitions échiquéennes et surtout, lui permettaient de se changer les idées...
Son jeu se caractérisait par une immense compréhension de la stratégie. Il n'avait pas son pareil pour échaffauder un plan et le mener à son terme. Par contre l'aspect tactique lui faisait défaut...il y avait rarement "tempête sur l'échiquier" avec Botvinnik...il était plutôt un adepte de la mort lente...Ses adversaires se sentaient bien souvent oppressés quand ils l'affrontait sur 64 cases.



Le tournoi pour le titre mondial se jouera en deux phases. La première moitié à La Haye et l'autre à Moscou. Chaque joueur rencontrera à 5 reprises les autres candidats, pour un total de 20 parties par candidat. Il commencera le 2 avril 1948 aux Pays Bas et se terminera le 16 mai 1948 à Moscou. Il n'y eut pas vraiment de suspens. Botvinnik remportant le tournoi avec 3 points d'avance sur le deuxième...Botvinnik ne perdra que deux parties (contre Keres et Reshevsky). Voici,le classement final : 1.Botvinnik 14/20; 2. Smyslov 11/20; 3.Keres et Reshevsky 10,5/20 et enfin Euwe 4/20.

Botvinnik est le premier champion du monde russe d'une longue série. L'égémonie soviétique va durer près de 50 ans....mais celà fera l'objet d'un prochain "post"...


Dernière édition par patriski le Ven 16 Déc - 19:14, édité 1 fois
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Message  Julien Mar 29 Nov - 16:33

Sacré personnage !

Ce qui est sûr, c'est que dans son cas, je risque d'avoir une forte tendance à suivre son conseil et me concentrer uniquement sur les parties.
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un peu d'histoire Empty enfin un Russe : Alekhine...quoique...

Message  patriski Ven 25 Nov - 0:35

Alexandre Alekhine est né le 31 octobre 1892 à Moscou. Son père était membre de la Douma et sa mère la fille d'un riche industriel. Contrairement à ses prédécesseurs, Alekhine fit de brillantes études. Il étudia le droit dans une école pour la noblesse à Saint Petersbourg.
Mais la révolution de 1917 change tout. Alekhine quitte la Russie en 1921 et s'installe en France. Il sera naturalisé français 3 jours avant d'être sacré Champion du monde contre Capablanca...
Alekhine eut ses premiers succès échiquéens à l'age de 17 ans (Champion amateur de Russie en 1909). Il gagnera, ex aequo avec Nimzovitch, les Championnats "pro" de Russie en 1914.
Alekhine a toujours refusé de jouer des coups appris par coeur, chaque situation est unique et il est dangereux de travailler par analogie...pour lui, les échecs ne sont ni un sport ni une science, mais..un art!!
Si Lasker jouait en fonction de la psychologie de son adversaire, Alekhine ne jouait qu'en fonction de la position, il faisait abstraction de tout autre paramètre. Ceci explique entre autre pourquoi, contrairement à ses contemporains, il ne sera pas impressionné par Capablanca. Avant le match contre le cubain il a déclaré : "Je me demande comment j'obtiendrai les 6 victoires nécessaires, mais je sais encore moins comment Capablanca pourrait me battre 6 fois".

Avant d'être Champion du monde, Alekhine sera connu pour sa capacité à jouer à l'aveugle. En 1925, il tourne le dos à 28 adversaires dans le hall du "Petit Parisien". La démonstration durera 14 heures (de 10h à minuit) et se soldera par 22 victoires, 3 nulles et 3 défaites....Mais le plus fort est qu'il put reconstituer exactement les 28 parties le lendemain...Son record sera porté à 32 parties en 1933.

Après la conquête du titre mondial, Alekhine oublia sa promesse de revanche à Capablanca. Son premier Challenger fût le premier qui put réunir les fonds nécessaires à l'évenement...Il s'agit de Bogolioubov (ancien prisonnier de guerre de la première guerre mondiale, il passa sa captivité à jouer aux échecs). Le match se joue en 1929, Alekhine gagne facilement 11 victoires à 5 et 9 nulles. Entre 1929 et 1933, il participe à 15 tournois ....et les remporte tous!!! La série sera interrompue par Flohr au tournoi de Hastings.
Bogolioubov tentera à nouveau sa chance en 1934, mais sans plus de succès 8-3 (et 15 nulles).
Afin de retarder encore le match revanche "promis" à Capablanca, Alekhine accèpte de mettre son titre en jeu en 1935 contre le hollandais Max Euwe à la seule condition que le vainqueur donne une revanche dans les deux ans au vaincu. Le match se déroulera en 30 parties, En cas d'égalité, Alekhine garde son titre...
Malheureusement pour lui, Alekhine a des problèmes d'alcolisme, plusieurs fois il sera ivre à la table...Il perd son titre de toute justesse 15,5 - 14,5...
Fidèle aux engagements pris, un match revanche est organisé en 1937. Entre temps Alekhine a arrêté de boire et il devient le premier champion du monde à reprendre son titre, il gagne relativement facilement 10 victoires, 4 défaites 11 nulles (15,5 - 9,5).
La guerre éclate en 1939, Alekhine est français et devient officier interprète avec le grade de lieutenant dans les renseignements. Il est polyglotte, il parle entre autre l'allemand...Il est démobilisé sous l'occupation allemande. Il tente d'obtenir un visa pour sa femme (qui est américaine) mais elle est aux mains des allemands...Ceux-ci accèptent de la libérer en échange de deux articles échiquéens à publier dans le "Pariser Zeitung"...
Ces articles firent scandale dans le monde des échecs...en voici l'intitulé :"Echecs juifs et aryens. Une étude psychologique, fondée sur l'expérience échiquéenne, montrant le manque de force de conception et de courage des juifs, par le champion du monde des échecs, le Dr Alekhine"...On n'est pas certain qu'il aie bien rédigé lui même ces articles, Mais Spielmann et Tartacover avaient, depuis bien longtemps, dénoncé l'antisémitisme du ...français.
Il sera boycotté par les orgnisateurs de tournoi européen après la guerre. Les russes lancent l'organisation d'un match entre Botvinnik et Alekhine prévu pour début 1946. Mais Alekhine meurt à Estoril au Portugal, le 24 mars étouffé par un morceau de viande avant le début du match.. Il est enterré à Lisbonne, mais sa dépouille est transférée à Paris en 1956 au cimetière Montparnasse.
Il est à ce jour, le seul champion du monde à mourir avec son titre.
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Message  Julien Sam 19 Nov - 13:48

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un peu d'histoire Empty Ambassadeur de Cuba : Capablanca

Message  patriski Sam 12 Nov - 16:54

José Raùl Capablanca est né à La Havane le 19 novembre 1888. On raconte qu'il a apprit le jeu sur les genoux de son père à l'age de ...4 ans, sans que ce dernier n'aie eu besoin de lui apprendre les règles.
Comme la plupart de ses prédécesseurs, il eut du mal à étudier (la chimie en l'occurence) tant l'appel du jeu d'échecs était trop fort. Au lieu de fréquenter les amphitéâtres de l'université de New York il passait le plus clair de son temps au Club d'échecs de Manhattan. Il y rencontrera la star américaine de l'époque Marshall...et l'écrasera en match 8 victoires, une défaite et 14 nulles.
En 1911 un fort tournoi est organisé à Saint Sébastien en Espagne. Y était invités les grands maîtres ayant pris au moins une troisième place dans les tournois internationaux qui l'avaient précédé. Si Lasker était le grand absent, d'autres grands noms étaient bien là: Rubinstein, Schelchter, Nimzovitch, Marshall, Tarrash, Bernstein, Maroczy, Janowski, Spielman. Malgré l'opposition de tout ce beau monde, les organisateurs imposèrent la participation de Capablanca bien que ce serait là son premier tournoi international..et bien vite tout le monde se rend compte de la force de ce jeune cubain. Malgré une défaite contre Rubinstein, Capablanca remporte le tournoi à la surprise générale.
Le style de Capablanca est limpide, tant on a toujours l'impression en le regardant jouer qu'il joue toujours le coup naturel. Il cherche toujours la simplicité, les échanges de pièces et fait parler toute sa force dans les finales dépouillées. il a l'art de prendre de micro avantages et des les valoriser au maximum.
En 1913, Cuba le nomme ambasadeur et l'envoie en "mission" dans les villes qui organisent au même moment un tournoi. Il y trouve une tranquilité financière qui lui permet de se consacrer à 100% au jeu d'échecs, Cuba n'y voit aucun inconvénient, au contraire car ses victoires sont une propagande pour l'ile.
Comme nous l'avons vu, il devient champion du monde en battant Lasker en 1921. Et comme ses prédécesseurs, il n'est pas pressé de remettre son titre en jeu. Pendant son règne qui durera 6 ans, il ne perdra que 4 parties. durant cette période il remportera donc plusieurs grands tournois: Londres 1922, new York 1927 par exemple.
Après ce tournoi de New York (qu'il remporta avec 2,5 pts d'avance sur Alekhine) Capablanca eut le sentiment d'être invincible...et c'est sûr de lui qu'il accèpte de mettre son titre en jeu à Buenos Aires en 1927 contre Alekhine. Il faut dire que le russe ne l'a jamais battu et a toujours terminé derrière lui dans les tournois auxquels il participaient tous les deux.
Bien qu'il fût convenu que le vainqueur serait le premier à gagner 6 parties, le match durera 2 mois et demi et 34 parties furent nécessaires...
Pendant la première partie, le cubain fait le fanfaron, il se lève, salue ses supporters, et quand vient son tour de jouer il ne prend pas plus de 30 secondes pour jouer son coup....MAis Alekhine s'est bien préparé et Capablanca tombe dans un piège au 15ème coup, il perd un pion et malgré toute sa science des finales il perd pour la première fois contre le russe. Il égalisera dans la troisième partie et prit l'avance dans la 7ème. Mais Alekhine prendra le large en gagnant les parties 11,12 et 21 (4-2). Capablanca aura un sursaut d'orgueil en gagnant la partie 29 mais le russe achèvera le travail aux parties 32 et 34!
Capablanca aura compris pendant ces championnats qu'il faut absolument préparer ce genre de match!!!
Après cette défaite Capablanca continuera de jouer et de gagner, il remportera une kyrielle de tournois mais n'aura pas droit à sa revanche contre Alekhine. Sur conseil de ses médecins il arrêtera la compétition en 1939. Il mourut d'une crise cardiaque en regardant une partie au Manathann Chess Club le 7 mars 1942.
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Message  patriski Ven 4 Nov - 0:37

Lasker, en bon philosophe sait relativiser sa défaite face à Capablanca. Il n'eut d'ailleurs aucun problème à reconnaître la supériorité de celui-ci. Mais ce n'est pas pour autant qu'il renoncera à vaincre sur 64 cases...

Le club de New York organise en 1924 le plus fort tournoi depuis la fin de la guerre. 11 joueurs sont invités, chacun jouera 2 fois contre chaque adversaire, il y aura donc 22 rondes et chaque joueur aura 2 jours "bye"..Voici les 11 participants: Capablanca, Lasker Emmanuel et Lasker Edward (aucun lient de parenté), Alekhine, Marshall (celui du gambit), Janowski, Maroczy, Réti, Tartacover, Bogolioubov et Yates...excusez du peu...Les apariements sont fait par tirage au sort, les 11 premières rondes pour les match "aller", les 11 suivantes pour les "retour".

Le grand favori est naturellement Capablanca. Bien sur il est champion du monde depuis 1921, mais il est également invaincu depuis 8 ans et le tournoi de ....New York 1916...Les deux plus grands Challenger sont E. Lasker et Alekhine, tous les autres sont capables de coups d'éclats...bref il y a de belles empoignades en perspectives!!

Première ronde, Lasker est bye et Capablanca passe tout près de la catastrophe, il est tout heureux d'égaliser contre Janowski. Alekhine et Tartacover prennent le point du gain.
Deuxième ronde et déjà un match très attendu, Em. Lasker - Capablanca....la revanche acte 1....Mais les spectateurs sont déçus, Capablanca joue pour la nulle et l'obtient au 30ème coup. Pendant ce temps là, Alekhine joue sa défense contre Maroczy et prend la tête du tournoi 2/2.
Troisième ronde, Au bout d'une superbe lutte Em. Lasker bat Alekhine pendant que Capablanca annule encore contre Ed Lasker. c'est Tartacover qui prend la tête du tournoi en battant Yates (2,5/3).

Le quatrième jour, c'est repos pour tout le monde et une visite du zoo du Bronx est organisée. Tartacover joue le comique de service, il a une conversation de quelques minutes avec Suzan...une magnifique Orang Outang. Il décide donc de lui dédier sa prochaine partie (contre Maroczy) et il joue 1. b4 voyant dans ce coup un orang outang qui grimpe à un arbre...Maroczy ,n'apprécie pas trop être le faire-valoir de Tartacover, mais il n'arrive pas à profiter de ce début fantaisiste, et il a toutes les peines du monde à arracher un demi point inespéré...Tartacover garde la tête du tournoi avec 1/2 point d'avance sur Lasker. Capablanca de son côté fait encore nulle contre Alekhine.

Cinquième ronde, Tout le monde attend la première victoire de Capablanca. Il joue contre Reti qui lui joue son ouverture et au 31ème coup c'est la stupéfaction générale, Reti met fin à huit années d'invincibilité...La nouvelle fera le tour du monde...pendant ce temps, Lasker obtient la nulle contre Tartacover. Grâce à trois victoires consécutives, Bogolioubov rejoint Tartacover en tête.

Sixième ronde et regroupement général en tête du tournoi, 4 ex aequo en tête, Tartacover, Bogolioubov, Alekhine et Lasker
Septième ronde, et Lasker est le seul des 4 à gagner. Il prend seul les commandes!
Huitième ronde, Lasker bat Bogolioubov, Capablanca ne fait pas mieux que nul contre Maroczy, Alekhine bat Reti. Lasker en est à 5,5, Alekhine à 5 et Capablanca à 4,5...
Neuvième ronde, Lasker semble perdu contre Marshall, mais celui-ci flanche au 52ème coup et permet à l'allemand d'annuler...Capablanca gagne de son côté et revient à 1/2 point de Lasker.
dixième ronde et magnifique victoire de Lasker contre Reti.
Après 11 rondes, tout le monde a joué 10 parties, le classement est le suivant 1. Lasker 7,5 2. Alekhine 6,5 3. Capablanca et Reti 6 5. Bogolioubov, Maroczy, Marshall et Tartacover avec 5 points...Yates, Ed Lasker et Janowsky sont derrière..
Après treize ronde, Lasker est toujours en tête avec 1,5 pt d'avance sur ...Reti et 2 sur Capablanca.
quatorzième ronde et le match attendu, Capablanca - Lasker...le cubain doit absolument gagner pour encore espérer quelque chose, mais Lasker est toujours invaincu dans le tournoi!! Et cette fois, les spectateurs en ont pour leur argent...Lasker est très bien à la sortie de l'ouverture, il joue juste mais Capablanca veut gagner et il sacrifie un cavalier pour trois pions...la partie devient tout d'un coup difficile pour Lasker et celui-ci ne peut plus rien espérer de mieux qu'une nulle...A côté se joue la partie Alekhine - Maroczy...Alekhine a obtenu une position gagnante mais il ne peut s'empêcher de lorgner sur la partie voisine, il joue deux coups un peu trop rapidemment et doit se contenter d'un demi point!! Pendant ce temps, Lasker propose un échange de dame pour diminuer la pression, Capablanca l'accèpte car il a vu qu'il poussera un pion sur la huitième rangée...14 coups plus tard...Lasker abandonnera 3 coups avant....Capablanca revient donc à 1 point de son rival!!
Mais il était écrit que c'était le tournoi de Lasker, et Capablanca ne le dépassera pas. Lasker ne perdra plus et gagnera souvent. On aura l'impression que ses adversaires jouent toujours mal contre lui....on dira la même chose d'un certain Bobby Fisher quarante ans plus tard...
Toujours est-il que le classement final est celui-ci:
1. Lasker 16 (sur les 20 possibles) 2.Capablanca 14,5 3.Alekhine 12 4.Marshall 11 5.Reti 10,5 6.Maroczy 10 7.Bogolioubov 9,5 8.Tartacover 8
9.Yates 7 10.Lasker (edouard) 6,5 et 11.Janowski 5
Lasker a alors 56 ans soit 20 de plus que Capablanca ...

Ensuite Lasker disparait du monde échiquéen, il ne supporte pas que son sport lui rapporte moins que ce que gagne un boxeur sur le ring!! Il retourne donc à ses travaux de mathématique mais la montée du nazisme remet tout en question..ses biens sont confisqués... Pour gagner sa vie, il revient vers les tournois en 1935 et malgré ses 67 ans il termine troisième du tournoi de Moscou....devant Capablanca (derrière Botvinnik et Flohr). Il réside à Moscou jusque 1938 puis part pour les USA où il enseignera les échecs. Il s'éteint à l'âge de 73 ans en 1941...



Dernière édition par patriski le Dim 27 Nov - 11:21, édité 1 fois
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Message  Invité Lun 31 Oct - 19:52

Fameux lascar ce Lasker! Razz

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Message  patriski Mer 26 Oct - 21:27

Après sa victoire sur Zukertort, Steinitz domine encore le monde des échecs même s'il joue un peu moins. Plusieurs candidats se présentent pour lui ravir sa couronne mondiale. Il affrontera le père des échecs soviétique : Mikhaïl Tchigorine, en 1889 et gagne sans trop de difficulté 10-6. vient ensuite le tour d'Isidore Gunsberg, 10,5 - 8,5 et à nouveau Tchigorine en 1892. Ce match sera gagné de justesse 10-8 par Steinitz, mais Tchigorine a commit une énorme bévue...alors que Steinitz mène 9-8, Tchigorine a pratiquement partie gagnée pour égaliser à 9-9 mais il bouge son fou et donne un mat en deux et le titre de champion à Steinitz...
A presque 60 ans Steinitz sait que son règne prend fin, et l'inévitable arrive, un jeune homme de 25 ans lui prend le titre à la surprise générale (10-5). Nous sommes en 1894 et Emmanuel Lasker devient le nouveau champion du monde. Steinitz aura droit à sa revanche 2 ans plus tard...mais ce fût une déroute pour Steinitz...10-2!!!
Lasker (1868-1941) sera un champion atypique. Il est docteur en mathématique et docteur en philosophie. Il publie plusieurs livres sur ces sujets. il sera un des grands amis d'Einstein, il jouera pour lui le rôle du sceptique a qui il faut démontrer la théorie de la relativité. Lasker a beaucoup d'autres centres d'intérêts ce qui explique ses longues périodes d'interruption échiquéenne. C'est sans doute aussi pour cette raison qu'il est jusqu'à présent le champion du monde au plus long règne....27 ans (jusqu'en 1921).
Lasker sera le premier champion à jouer systématiquement en fonction du caractère de son adversaire... il adore mettre son opposant en confiance, lui donner l'illusion qu'il est mieux et quand son adversaire se relâche un peu, il retourne la situation...
Lasker a la faculté de s'adapter à tous les types d'adversaire, il peut jouer positionnel, agressif, défensif, tactique ou stratégique,.... il est donc impossible de jouer à la Lasker car il n'a pas de style particulier...
Lasker mettra plusieurs fois son titre en jeu, en 1907, il écrase Marshall à New York 8 victoires 7 nulles.
En 1908 il affronte le "Praeceptor Germaniae": Siegbert Tarrash... Celui-ci est à l'opposé de Lasker, il est dogmatique a outrance alors que Lasker est pragmatique... Tarrash s'efforce tout au long de ses parties d'appliquer ses principes:
- occupez le centre avec les pions
- roquez raidement
- ne bougez pas deux fois la même pièce dans l'ouverture
- développez d'abord les cavaliers, puis les fous
- placez vos tours sur des colonnes ouvertes
-...
L'application stricte de ses principes le freinait dans ses élans, il ne peut jouer un coup que s'il est logique...Il dira de Lasker qu'il est juste un bon joueur de café qui ne peut gagner qu'en tendant des pièges,...Lasker lui répondra en déclarant que Tarrash brille plus dans les salons que sur l'échiquier...
avant leur match de 1908 une entrevue entre les protagonistes est organisée, si Lasker n'est pas contre, Tarrash s'arretera au seuil de la porte et se contentera de déclarer :"Pour vous Docteur Lasker, je n'aurai que trois mots à vous dire : échecs et mat!".
Malheureusement pour lui, Lasker aura le dernier mot sur l'échiquier 8 victoires 3 défaites et 5 nulles...
Lasker ne remet pas souvent son titre en jeu et à même du mal à gagner les tournois auxquels il participe, il faut dire qu'au début du XX° la planète échecs est peuplée de plusieurs grands noms...Alekhine, Spielmann, Nimzovitch, Réti, Vidmar, Bogolioubov, Bernstein, Tartacover, Rubinstein,...
Après la fin de la première guerre mondiale, le challenger tout désigné est le jeune cubain Capablanca. Mais Lasker n'était pas pressé de mettre son titre en jeu...seule une bourse de 20.000 dollars fournie par La Havane le décidera.
Le match doit se jouer en 24 parties, mais après 10 nulles et 4 victoires de Capablanca, Lasker décide d'abandonner son titre au cubain. Nous sommes le 28 avril 1921
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Message  patriski Sam 22 Oct - 14:55

Le temps m'a manqué la semaine passée pour mon post hebdomadaire....désolé Embarassed
la suite la semaine prochaine ... Very Happy
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Message  Julien Sam 15 Oct - 13:52

Il faut aussi savoir que Steinitz est véritablement le fondateur de la stratégie moderne (surtout dans son aspect positionnel), notamment avec la mise en évidence du concept de l'avantage et de l'importance de la structure de pions. On lui doit d'ailleurs les "Éléments de Steinitz" qui sont encore aujourd'hui utilisés dans de nombreux bouquins de stratégie :

Avantages permanents :
  • Avantage matériel
  • Mauvaise position du roi
  • Pion passé dans le milieu de jeu
  • Pions faibles pour l'adversaire
  • Ilots de pions
  • Fort centre de pions
  • Contrôle d'une diagonale
  • Contrôle d'une colonne
  • Paire de fous
  • Contrôle d'une rangée

Avantages temporaires :
  • Pièce mal placée
  • Manque de coordination entre les pièces
  • Avantage de développement
  • Centralisation des pièces
  • Avantage d'espace

Et plus que 7 fois à dormir pour connaître la suite Smile
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un peu d'histoire Empty le père des échecs modernes : Steinitz

Message  patriski Jeu 13 Oct - 22:50

Après Morphy, le réservoir des joueurs naturellement surdoués se tarit pour quelques années....et vient le tour des joueurs besogneux.
Wilhelm Steinitz voit le jour le 14 mai 1836 à Prague, ses parents lui font étudier le Talmud afin de devenir Rabbin. Mais Steinitz est plutôt doué pour les maths... il est atteint par le virus des échecs et décide d'en faire son métier.

La seule chance de se faire repérer par un mécène, c'est d'avoir un jeu spectaculaire et de gagner....pour ce qui est de la "gagne" pas trop de souci pour Steinitz, par contre, jouer de manière spectaculaire est contre nature pour lui. Ce qu'il aime c'est analyser, son esprit cartésien l'empêche de se lancer dans des attaques spéculatives. Steinitz est capable de prendre un pion empoisonné, ensuite de se replier en défense et de gagner la finale avec son pion de plus.

Il est le premier à formuler des principes mettant en rapport la structure des pions et le placement des pièces comme par exemple la notion de case forte.

Si ses premiers tournois sont assez moyens, il est devancé par Anderssen (redevenu le meilleur joueur après la retraite de Morphy) et 4 autres joueurs au tournoi de Londres de 1862, il trouve dans ses résultats "moyens" la motivation nécessaire pour s'améliorer,...Steinitz sera toute sa vie un boureau de travail. Malheureusement, il a un caractère de cochon...il ne passe pas un jour sans qu'il ne se fasse un nouvel ennemi, il manque cruellement de courtoisie et de diplomatie. il n'était pas rare qu'il se dispute avec ses adversaires...

Steinitz est ambitieux, une seule place l'intéresse, ...la première. Il jouera plusieurs matchs successifs en y allant crescendo quant au niveau de ses adversaires. Il bat Serafino Dubois (champion d'Italie) 5-3 et 2 nulles. Ensuite il affronte le truculent Blackburne qu'il écrase 7-1 et 2 nulles. (blackburne était un bon vivant, il adorait le whisky à un tel point qu'il prétendait que celui-ci lui éclaircissait l'esprit avant,....pendant....et après la partie drunken ). Il gagnera encore quelques match contre des joueurs de seconde zone, et quand il se sentit prêt, il lanca son défi à Anderssen en 1866.
Le match se joue à Londres et pour la première fois un temps limite de réflexion est imposé. (4 h pour les 40 premiers coups, puis 2h pour les 20 suivant et ainsi de suite). Anderssen gagne la première partie, mais Steinitz gagne les 4 suivantes. Anderssen à l'expérience pour lui et il égalise à 6-6...Mais Steinitz gagne les deux parties suivantes et le match par la même occasion 8-6. Ayant battu le meilleur joueur du moment il se proclame champion du monde et attend que les challengers se présentent pour tenter de lui ravir son titre...Bird s'y frottera et sera battu 7-5...Zukertort aussi sera balayé 7-1....

Steinitz a pris la facheuse habitude de se facher avec tout le monde....a un point tel qu'il quitte l'Europe pour les Etats Unis. Lui et Zukertort commence alors une guerre des mots par publication interposée...Ils vont régler leurs différents sur l'Echiquier et un match revanche est donc organisé. il se jouera à trois endroits différents, New York, Saint Louis et La Nouvelle Orléans. Il faudra gagner 10 parties pour remporter le match...En outre le vainqueur aura de manière officielle cette fois-ci le titre de champion du monde...nous sommes alors en 1886...première partie et victoire de Steinitz suivie de 4 succès pour Zukertort...mais Steinitz se déchaine et gagne le match 10-5...Notre sport tient enfin son premier champion du monde...

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Message  Julien Ven 7 Oct - 16:49

Effectivement, la partie a de l'allure, plus qu'à placer ça dimanche.

Et comme d'hab, à la semaine prochaine...
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un peu d'histoire Empty un génie éphémère : Paul Morphy

Message  patriski Jeu 6 Oct - 23:26

Le petit Paul Morphy (1837-1884) était destiné à une carrière juridique. Son père est juge à la Cour Suprême de Louisiane,...mais il passe tous ses loisirs à jouer aux échecs avec son frêre Ernest. Celui-ci était le meilleur joueur de la Nouvelle Orléans. Bien souvent le petit Paul regarde son père et son oncle s'affronter sur 64 cases. Quand Paul a 10 ans, son père estime qu'il est temps de lui apprendre à jouer....Mais Paul avait assimilé les règles en observant ses ainés. Après quelques parties, il était déjà plus fort que son père, et à 12 ans il était meilleur que son oncle!!
Il devient un phénomène sur le continent américain, il passe à la moulinette tous ses opposants. Lowenthal en tournée américaine se fait battre 2,5 - 0,5 par le petit prodige.
En 1857 Daniel W. Fiske du cercle d'échecs de New York organise le premier championnat des Etats Unis. Les plus forts joueurs américains sont là, dont Morphy et Paulsen, les deux favoris. Morphy met ses adversaires mal à l'aise par son apparence. Il est petit (+/- 1,5 m), joue avec des gants, il porte un monocle, se promène avec une canne, garde son calme en toute circonstance et joue vite. Le tournoi se joue comme celui de Londres: tirage au sort et élimination directe. Le hazard fit bien les choses, les deux favoris se rencontrent en finale. Paulsen a un jeu à la Philidor, infranchissable!! Morphy avait un jeu plus agressif. Bien que Morphy ait la faveur des pronostics, beaucoup se demandent comment il va venir à bout de Paulsen....Mais Paulsen est impressionné par son adversaire et il vient à la table avec un moral dans les chaussettes....Morphy l'emporte aisément 5-1.
Début 1858, Le club de la Nouvelle Orléans invite Staunton pour une rencontre contre Morphy. Le club propose de payer tous les frais de l'anglais et promet un prix de 5.000 dollars au vainqueur. Mais comme à son habitude, Staunton le prend de haut et refuse de perdre son temps dans un long voyage vers les Etats Unis pour rencontrer ce gamin...Aussitôt, Morphy saute dans le premier bateau et arrive à Londres en juin. Il se rend dès son arrivée au Saint George's Chess Club pour défier Staunton, mais celui-ci se défile. Il préfère d'abord observer Morphy contre les autres joueurs du cercle. Toutes les propositions de matchs faites par l'américain sont refusées par l'anglais pour de mauvaises raisons. Staunton aura même le culot de prétendre que c'est Morphy qui l'évite. De guerre lasse Morphy part pour Paris.
En 1858 le meilleur joueur de la Régence est Daniel Harrwitz (joueur allemand 1823-1884). il est pro, et passe toutes ses journées à jouer. Morphy lui propose directement un match qu'il s'empresse d'accepter. Le match commence le 7 septembre. La première partie fût facilement gagnée par Harrwitz. Morphy entama la deuxième partie de bien meilleur manière mais plusieurs imprécisions lui sont fatales et il perd encore. Harrwitz commence alors à se moquer du "gamin" et de Staunton qui n'ose pas l'affronter!!! Vexé, l'américain déclare que son adversaire ne gagnera plus une seule partie,.... et il tient parole. Quand le score atteint 5,5 - 2,5 Harrwitz abandonne pour cause de ...maladie...
Les 300 francs gagnés par Morphy seront directement investit dans les frais de voyage d'Anderssen. En effet, celui-ci est invité à jouer un match contre l'américain. Pour une fois le match opposera deux gentlemen. 1° partie et victoire d'Anderssen en 70 coups, nulle à la deuxième, victoire de Morphy en 20 coups à la troisième. Morphy gagnera encore les parties 4,5,6 et 7. Une nulle pour la huitième, à nouveau Morphy à la neuvième. Anderssen gagne la dixième en 80 coups...il déclara alors :"Morphy à besoin de 20 coups pour gagner, et moi de 80..."
Morphy atteignit les 7 victoires nécessaires au gain du match à la onzième partie...
Plein d'éloges pour son adversaire Anderssen déclare "Morphy joue toujours non seulement le meilleur coup, mais avant tout le coup parfait, et si l'on tente un coup d'une correction approximative, on est sûr de perdre".

Après ce match Morphy ne joua plus grand chose, jamais il n'a eu l'idée de faire des échecs un métier. Sa "carrière" de joueur d'échecs aura duré en tout et pour tout 18 mois!!! la fin de sa vie sera assez pénible, il souffre d'un complexe de persécution, sa santé mentale est défaillante. Il s'éteint le 11 juillet 1884.

Bien que Morphy ait l'habitude "d'exécuter" ses adversaires et que son style fasse penser aux romantiques, Morphy était avant tout un joueur positionnel. Dans certaines positions où l'on peut s'attendre à le voir jouer de manière violente, il continue son développement et attend que la position soit mûre pour se déchainer...

Durant sa courte carrière Morphy gagnera 197 parties sur les 227 qu'il a joué...soit un score de 87%!!!La plus célèbre de ses parties aura été jouée à l'Opéra de Paris contre un duo composé du duc de Brünswick et du comte Isouard. Il s'agit là d'une petite merveille d'attaque avec sacrifice...Prenez un échiquier, ça vaut la peine....Morphy à les blancs

1.e4 e5 2.Cf3 d6 3.d4 Fg4 4.dxe5 Fxf3 5.Dxf3 dxe5 6.Fc4 Cf6 7.Db3! De7 8.Cc3 c6 9.Fg5 b5 10.Cxb5!! cxb5 11.Fxb5+ Cbd7 12.0-0-0 Td8 13.Txd7! Txd7 14.Td1 De6 15.Fxd7+ Cxd7 16.Db8!! Cxb8 17.Td8 mat


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Message  Julien Jeu 29 Sep - 19:58

Toujours aussi passionnant !

Et à la semaine prochaine pour de nouvelles aventures Smile
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